A quinze ans, au lycée, j'ai entendu mentionner la forme japonaise de l'haïku, "petit poème extrêmement bref visant à dire l'évanescence des choses" (wikipédia). Fascinée, je me suis demandé si, dans la même sorte de tercet court, on pourrait faire tenir une histoire. J'ai essayé. Puis, quelques années plus tard, on m'a offert "La tristesse du petit enfant huître et autres contes" de Tim Burton. Ce ne sont pas des haïkus, mais quelque chose de leur esprit est là : la forme très courte, la légèreté, l'absurdité, l'évanescence, la force étrange qui se dégage de ces mots comptés... J'ai continué à m'essayer à cette forme de fictions ultra-courtes. Des "croquis" d'écrivain, en somme, qui me servaient plus d'entraînements et bases de nouvelles un peu plus longues que d'histoires "montrables" en elles-mêmes. Et puis j'ai relu les contes de Tim Burton, et d'autres "micro-conteurs", comme Lisa Falzon, se sont lancés. Le temps est peut-être donc venu... J'ai alors ressorti de petits cahiers que j'avais commencé à noircir, laissé venir d'autres historiettes, et voilà, l'aventure de ces Carnets absurdes est lancée !
When i was fifteen, in high school, I heard about the haiku, "extremely short little poem to tell the evanescence of things" (Wikipedia). Fascinated, I asked myself if, in the same sort of short-triplet, someone could tell a whole story. I tried. Then a few years later, i was given "The sadness of Oyster Boy and Other Stories"by Tim Burton. This is not haiku, but something close : the very short form, lightness, absurdity, evanescence, the strange power that emerges... I continued to try my hand at this form of micro-fiction. I considered them more frequently at new bases for longer stories than at real printable fictions . And then I re-read the short stories of Tim Burton -- and other "micro-tellers, " as Lisa Falzon, published their stories on their blogs. It's maybe time i launch myself. That's the aim of these "absurd fictions". Very often i will write in french, sometimes in english as well. I apologize for my numerous mistakes, i understand several languages but i don't speak very fluently :o)

mardi 1 mars 2011

Les tribulations de Claire T.

Claire T. était née lumineuse.
Sa peau luisait, le jour de sa naissance.
Les médecins parlaient d'ichtyose,
De maladie congénitale.
J'ai bien peur, clama l'accoucheuse,
Qu'il faille appeler l'ambulance :
Sous cette enveloppe de cellulose
L'issue pourrait être fatale !

Mais Claire T. n'était pas malade.
Elle grandit et suivit l'école.
Ses maîtres la jugèrent brillante
Ce qui énervait ses camarades.
Encore une surdouée ? Pas de bol !
Criaient-ils à la cantonade.
Les ampoules brillent mais sont chiantes
A faire de l'ombre, avec leurs tirades !




Quand Claire T. devint adulte,
Les hommes la trouvèrent resplendissante.
L'un d'eux lui voua même un culte
Et l'invita sous sa charpente :
J'aime passionnément la lumière
Éblouis, scintille, aveugle-moi !
Mais lorsqu'il vit nue, la nuit venue, Claire
Le clair obscur le remplit d'effroi.

Il attendit, en boule, que l'aube rampe
Pour tuer, comme on tue les vampires,
Claire d'un pieu taillé dans une hampe.


Pour sa défense, le jour du procès,
Alors que le juge - un lampadère -
Lui demanda "qu'avez-vous à dire ?"
Il prétendit qu'il avait pris
Le pieu pour le pied d'une lampe.

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